Actualités

Un « mensch » pour l’éternité

L’ancien Garde des Sceaux, Robert Badinter, nous a quittés le 9 février 2024, date anniversaire symbolique de la rafle de 1943, rue Sainte-Catherine à Lyon, au cours de laquelle son père, Simon Badinter, a été arrêté puis déporté à Sobibor.

Robert Badinter entretenait un lien privilégié avec la Fondation du Judaïsme Français, puisque dès sa création en 1978, il intègre son conseil d’administration où il siège jusqu’en 2010, apportant à notre institution son expertise et nombres de ses lignes directrices.

Défenseur des droits de l’homme, Robert Badinter est entré dans l'histoire de France, le 17 septembre 1981, lorsque devant l’Assemblée nationale, et après deux heures d’exposé, il déclare : « J’ai l’honneur, au nom du gouvernement de la République, de demander à l’Assemblée nationale l’abolition de la peine de mort en France… », puis d’ajouter « Demain, grâce à vous, la justice française ne sera plus une justice qui tue (…) »

À travers ses nombreux combats pour la dignité humaine, Robert Badinter incarne une certaine idée de la France : celle de la démocratie et de la liberté, celle de l’éthique et du service, celle des Lumières. Ainsi, une vie durant, il se battra contre l’arbitraire et pour l’Etat de droit notamment en qualité de Président du Conseil Constitutionnel de 1986 à 1995.

Aujourd'hui, la Fondation du Judaïsme Français rend hommage à cet homme habité par un « judaïsme français » profondément républicain. Avec son épouse, la philosophe Elisabeth Badinter, il aura formé un couple « iconique » incarnant une identité juive affirmée, ouverte et universelle.  

Robert Badinter aura sans relâche œuvré à la réparation du monde. Sa voix, portée par la conviction, restera gravée dans nos mémoires. Son parcours sera un modèle inspirant pour des générations entières. Sa vision d'un monde plus juste et plus humain sera notre combat.


Faire connaître Sheba Tel Hashomer, un hôpital d’excellence

L’ENTRETIEN

Sylvie Angel

Fondatrice, avec Pierre Angel, de la fondation F.A.S.T.

Faire connaître Sheba Tel Hashomer, un hôpital d’excellence

Propos recueillis par Josyane Savigneau

Vous êtes psychiatre. Vous avez écrit de nombreux livres, tout comme votre mari, Pierre Angel, psychiatre aussi. Vous avez travaillé dans plusieurs maisons d’édition, et dirigé une collection chez Robert Laffont. Donc vous êtes tous les deux très occupés. Pourtant, vous avez décidé de créer la Fondation Alliance Sheba Tel Hashomer (F.A.S.T.). Qu’est-ce qui vous y a conduits ?

Sylvie Angel : Depuis très longtemps, mon mari et moi sommes très concernés par ce qui se passe en Israël et nous cherchions à être plus actifs. Nous avons donc créé cette fondation, il y a tout juste dix ans, en 2014. Comment ? Lors d’un séjour en France, le grand diplomate Avi Pazner a demandé au professeur Arnold Munnich de chercher quelqu’un pour créer une fondation et faire connaître l’hôpital Sheba Tel Hashomer.  Le professeur Arnold Munnich qui, à ce moment-là, dirigeait un service à l’hôpital Necker, est un de nos amis. Nous faisions ensemble des recherches sur les maladies rares. Nous avons rencontré Pazner, il nous a parlé de Sheba, et nous avons décidé d’aller voir.

Et on a eu un choc. J’ai fait mes études à la Pitié Salpêtrière, donc j’ai l’habitude de locaux assez vétustes. Là, je suis entrée dans un hôpital ultramoderne. La Pitié Salpêtrière est le plus grand hôpital d’Europe. Sheba Tel Hashomer, c’est une fois et demie la Pitié, voire plus ; c’est l’équivalent de dix terrains de foot. Dix mille professionnels y travaillent, il y a 2000 lits, 159 cliniques et départements médicaux. Tout était très impressionnant : une section pour enfants comme je n’en avais jamais vue, un lieu où se rassemblait tout un monde, des juifs religieux, des Palestiniens, avec un niveau d’excellence qui suscitait l’enthousiasme et le désir de s’engager.

S’engager, donc, par une fondation, mais avec quels projets ?

D’abord nous avons rencontré Pierre Besnainou, qui était en train de quitter la présidence de la Fondation du Judaïsme Français (FJF) et qui nous a proposé d’être abrité par la FJF pour faciliter notre fonctionnement.

De quoi avait besoin Sheba Tel Hashomer ? D’être mieux connu hors d’Israël. À cela nous pouvions répondre. Sur leur second besoin, la levée de fonds, nous ne sommes pas compétents. Pour aider à faire connaître cet hôpital, nous avons non seulement organisé des colloques, des galas, mais aussi lié des partenariats, établi des liens entre des médecins et chercheurs français et ceux de Sheba Tel Hashomer pour de fructueuses collaborations.

Pour mener tout cela à bien, il fallait trouver, à Sheba, des choses particulièrement intéressantes et facilement transmissibles. La « simulation médicale » s’est imposée. Pour faire comprendre ce qu’elle est, je renvoie à une scène du film Hippocrate, de Thomas Lilti, justement sorti en 2014. On y voit un étudiant qui ne parvient pas à faire une ponction lombaire, s’y reprend à plusieurs fois, tandis que le malade souffre. La règle de la simulation médicale c’est : « jamais la première fois sur un vrai patient. » À Sheba, le professeur Amitav Ziv a développé cela et nous a fait visiter cette section, où on peut s’exercer sur des mannequins capables de simuler des dizaines de maladies. Là, nous avons découvert aussi une pratique qui nous rapprochait de notre métier de psychiatres. Des comédiens sont engagés – ils jouent les patients – pour qu’on enseigne aux futurs médecins comment annoncer une mauvaise nouvelle, comment parler à un jeune Israélien gay, à un Palestinien, à une femme religieuse, etc.

Avez-vous réussi à installer ces pratiques en France ?

En France, il n’y avait alors que deux petites unités, à Angers et à Paris (iLumens). Nous sommes allés les voir et nous avons organisé un colloque avec l’hôpital israélien. Puis nous avons établi un état des lieux de la simulation médicale dans le monde, parce qu’apprendre à mieux traiter le patient, est, partout, un enjeu majeur qui mérite qu’on y consacre des congrès et des soirées de gala. Nous avons aussi écrit, mon mari et moi, un livre sur le sujet en 2016.

Au fil du temps vous avez développé de nombreuses actions, mais qu’en est-il, à Sheba, dans votre domaine, la psychiatrie ?

Comme ailleurs, ils font des recherches sur l’évolution de la schizophrénie, sur le lien entre parkinson et démence. Mais ils ont innové dans plusieurs domaines. En créant un service pour anorexiques adultes. Et un service où les obèses peuvent être hospitalisés dans de bonnes conditions. Avec de grands lits, de larges chaises, etc.

Avez-vous été à l’arrêt pendant la pandémie de Covid ?

Au contraire, nous avons financé des recherches, notamment celle, sur le Covid des enfants, d’une équipe israélienne, en lien avec une équipe française.

Et depuis le 7 octobre 2023 ?

À l’origine, Sheba Tel Hashomer, créé en même temps que l’État d’Israël, était un hôpital militaire. Donc ils se doivent toujours de soigner les blessés. Mais aussi les prisonniers. C’est ainsi qu’ils ont guéri un militant du Hamas qui a été l’un des artisans du 7 octobre… En ce moment, ils continuent, bien sûr, à soigner leurs patients palestiniens, mais ne peuvent pas en accueillir de nouveaux en raison de la guerre. Pour ce qui concerne le personnel, les Palestiniens, les Arabes, les Druzes, sont toujours là. Avant le 7 octobre, Sheba Tel Hashomer avait le projet d’ouvrir un lieu à Ramallah…

Avant le 7 octobre, nous avions l’intention d’organiser un gala pour montrer le travail extraordinaire accompli par les soignants de cet hôpital depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Nombre de leurs médecins sont spécialisés dans la médecine de guerre et ont été d’une grande aide pour les Ukrainiens. La situation en Israël nous empêche de le faire. Nous avons toutefois gardé la date prévue, le 24 mars 2024, à Paris, au Cercle Interallié. Le thème de la manifestation a changé. On lui a donné comme titre une phrase de Shimon Peres : « La paix viendra de la médecine. »

À LIRE :

Éviter les erreurs médicales grâce à la simulation, de Sylvie et Pierre Angel, éd. Odile Jacob, 234 p., 24,90 €


Impôts, vous avez dit impôts ?

PHILANTHROPIE

Impôts, vous avez dit impôts ?

Par Rémy Serrouya
Directeur administratif et financier

Publiée au Journal officiel du 30 décembre 2023, avec application dès le 1er janvier 2024, la loi de finances détermine, selon sa définition : la nature, le montant et l’affectation des ressources et des dépenses de l’État. Cette loi s’inscrit dans un contexte économicopolitique difficile, entre hausse des taux d’intérêt et turbulences géopolitiques significatives. Le gouvernement table sur une prévision de croissance de 1,4 % en 2024 (contre 1 % en 2023), un rythme proche de la tendance de long terme de l’économie française. L’inflation, quant à elle, diminuerait sensiblement, à + 2,6 %.

Quelques informations utiles concernant vos impôts :

L’impôt sur le revenu

Pas de réduction d’impôt en 2024, sauf si vous n’avez pas gagné plus en 2023 qu’en 2022, et que votre situation patrimoniale et familiale est demeurée la même ; sauf également si la hausse de vos revenus a suivi le cours de l’inflation. En 2023, pour soutenir les ménages français face à l'inflation, le gouvernement avait revalorisé de 5,4 % le barème de l'impôt sur le revenu. Continuant sur sa lancée en 2024, l'exécutif a rehaussé de 4,8 % le barème de l'impôt sur le revenu de 2023. Un chiffre proche du taux d'inflation moyen enregistré en 2023 (5 % selon l'Insee). Si vos rentrées sont restées stables, vos impôts baisseront car la part de vos revenus soumise aux tranches basses du barème sera plus importante. Vous profiterez donc davantage des taux d'imposition les plus faibles et serez moins soumis aux taux les plus élevés.

Si votre foyer a bénéficié d’une forte revalorisation de revenus, vos impôts augmenteront, uniquement sur la part des gains supplémentaires qui a dépassé l’inflation.

Taxe et taxes foncière et d’habitation

Les avis de taxe foncière 2024 devraient être disponibles dans votre espace particulier entre fin août et fin septembre 2024. Les documents au format papier devraient être envoyés entre début septembre et début octobre 2024.

À noter qu’en 2024 la taxe foncière augmentera de 4,2 %.

Si vous avez une résidence secondaire ou êtes propriétaire d’un logement vacant, vous êtes toujours soumis à la taxe d’habitation.

 

Impôt sur la fortune immobilière (IFI)

Cet impôt concerne les personnes détenant un patrimoine immobilier net supérieur à 1 300 000 euros. Si vous êtes assujetti(e) à l’IFI, vous devez effectuer une déclaration à annexer à votre déclaration des revenus en remplissant le formulaire n° 2042-IFI.

Pas d’inflation pour l’IFI : si les tranches du barème de l'impôt sur le revenu sont indexées sur l'inflation, ce n’est pas le cas pour l’IFI dont l’assiette n’a pas été revalorisée depuis 2018. De ce fait, le nombre d’assujettis augmente inexorablement chaque année ainsi que les sommes dues à l’administration fiscale.

 

Un conseil ? Donnez…

Si vous financez un organisme d’intérêt général ou reconnu d’utilité publique, comme la Fondation du Judaïsme Français et ses 87 fondations abritées, vous pouvez déduire 66 % de votre don de votre revenu imposable, dans la limite d’une déduction globale qui ne doit pas excéder un cinquième (20 %) de votre revenu imposable total.

Si vous êtes assujetti à l’impôt sur la fortune immobilière, vous pouvez effectuer un don au profit de la Fondation du Judaïsme Français et bénéficier d’une réduction de 75 % du montant de votre don, dans la limite de 50 000 euros.

Dans tous les cas, un reçu justificatif fiscal (Cerfa) vous sera envoyé dans les plus brefs délais.


Entretien avec Lionel Naccache

Dans son Apologie de la discrétion, Lionel Naccache, spécialiste des neurosciences cognitives, répond, à l’aide des mathématiques, à plusieurs questions sur notre rapport au monde ; cherchant à savoir notamment s’il « correspond à celui d’un élément qui fait partie d’un ensemble mathématique discret, ou à celui d’un élément qui fait partie d’un ensemble mathématique continu ».

 

Propos recueillis par Perrine Simon-Nahum

Directrice de recherches au CNRS, professeur attaché au département de philosophie de l’ENS

Lire la suite

Ils sont partout

Par Rémy Serrouya

Directeur administratif et financier

Lire la suite

Si on ne laisse pas de place aux autres, on n’existe pas soi-même

Joseph Raba, membre du comité de gestion de la fondation Hannia

Lire la suite



Investissements : pour être sûr de ne pas se tromper

Par Rémy Serrouya

Directeur administratif et financiern de la Fondation du Judaïsme Français

 

Rien sur le papier ne prédestinait ce jeune homme de bonne famille sans histoires à être comparé, du jour au lendemain, à Bernard Madoff, l'auteur de la plus grande escroquerie financière du XXe siècle.

Charmant et doux rêveur, Sam Bankman-Fried semblait être le candidat idéal pour devenir l’un des nouveaux magnats de la Silicon Valley. Né en 1992, fils de professeurs de droit à la prestigieuse Université Stanford, en Californie, il étudie la physique au Massachusetts Institute of Technology (MIT) et s’intéresse à la cryptomonnaie. En 2019, il n’a alors que 27 ans, il crée une plateforme spécialisée en monnaie numérique, équivalent du bitcoin, dénommée FTX (Futur Exchange), qui réalise en quelques années une ascension fulgurante. Sa société, partie de rien, est valorisée fin août 2022 à plus de 32 milliards de dollars. Sam Bankman-Fried, alias SBF, devient, en trois ans, la personnalité de moins de 30 ans la plus riche au monde selon le magazine Forbes

Mais voilà, les apparences sont parfois trompeuses, et derrière ce premier de la classe que les belles-mères juives s’arracheraient, se cache une personnalité plus complexe.

Le 11 novembre 2022, au détour d’un rapport d’audit de la société mettant en évidence de fortes anomalies de gestion, les principaux actionnaires vendent leurs titres, entraînant une chute inexorable du cours. C’est le dépôt de bilan !

Il va priver de leur investissement plus d’un million de petits porteurs.  Cette chute brutale du cours de bourse et ces quelque 32 milliards de dollars partis en fumée en quelques jours ne peuvent que laisser perplexe et nous conduire à nous intéresser au profil des investisseurs en cryptomonnaie. D’après l’étude du cabinet KPMG, l’investisseur type est un homme de moins de 35 ans, qui n’a investi qu’une infime partie de son épargne pour 60 % des cas. Une approche plutôt raisonnable, compte tenu du risque de perte en capital associé.

À bien y réfléchir, il paraît clair que ces petits porteurs ont placé la part de trésorerie de fonds de portefeuille dont ils n’ont pas immédiatement besoin, quelques dizaines, centaines ou milliers d’euros selon chacun. Ces montants, qu’on ne peut évaluer avec précision, correspondent pour ces investisseurs à des sommes qui n’engendrent aucune conséquence si elles sont perdues…

Cette stratégie de placement à l’apparence réfléchie nous interpelle à la Fondation du Judaïsme Français, et nous nous sommes demandé ce qu’il était possible de faire avec 32 milliards d’euros :

Éradiquer la faim dans le monde durant une année complète est évalué à 30 milliards de dollars, selon le directeur du programme alimentaire de l’ONU ; se débarrasser définitivement de la malaria coûterait 34 milliards de dollars ; il serait également possible pour une somme similaire de loger tous les sans-abris de France pendant plus sept ans.

Ces petites sommes en portefeuille dont nous n’avons pas forcément besoin, et qui ne participent pas à notre enrichissement, peuvent avoir une réelle utilité et concourir à rendre le monde plus juste et plus digne. En les versant à une fondation reconnue d’utilité publique, le donateur prend part aux actions sociales, éducatives, culturelles d’une institution renommée, transparente dans ses comptes, qui œuvre à changer la vie de milliers de personnes. 

En participant aux projets de la Fondation du Judaïsme Français, le retour sur investissement est inestimable.


Une autre histoire de Verdun

Documentaire réalisé par Fabrice Gardel (26 mn)

Lire la suite