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Entretien avec Anne-Lise Nahon présidente de la Fondation SAM
« J’ai créé SAM – Solidarité, Action, Mutualité – pour agir de manière plus durable dans mes actions philanthropiques »
Propos recueillis par Josyane Savigneau
Pourquoi avez-vous voulu une fondation et quels sont ses buts ?
Je l’ai créée au début de cette année 2024 et ses buts sont manifestes dès son nom : SAM – Solidarité, Action, Mutualité. Pourquoi une fondation ? Depuis longtemps, je fais des actions de bénévolat dans diverses associations, dont Lev Tov. Je voulais pouvoir aller plus loin dans ces activités. Je souhaite qu’on puisse mutualiser des projets qui reposaient, jusqu’ici, sur des initiatives personnelles. Cette fondation est l’aboutissement logique d’un long cheminement.
J’ai commencé à m’investir dans la philanthropie en faisant, comme beaucoup, des dons financiers. Puis j’ai participé à des actions dans divers domaines comme des courses en faveur des femmes, repeindre avec des équipes des maisons de retraite, des écoles pour enfants handicapés, etc. J’agissais de manière occasionnelle en fonction des besoins et des propositions. Progressivement, en constatant l’impact de ces initiatives, j’ai eu vraiment envie d’agir de manière plus durable. C’est pourquoi j’ai cherché quelque chose qui me tiendrait à cœur, comme le domaine de l’éducation, et que je pourrais concilier avec une activité professionnelle très prenante – je travaillais dans le domaine de la finance. Je me suis tournée vers l’association Arpejeh qui s’occupe des personnes en situation de handicap – étudiants ou demandeurs d’emploi. On peut ainsi parrainer un étudiant, l’aider dans l’orientation de ses études, puis dans sa recherche d’emploi. J’ai donc parrainé une jeune femme qui était à Bac+2, et je l’ai accompagnée dans son parcours. En général, on s’engage pour une année scolaire, mais nous avons eu la chance de tisser un véritable lien basé sur la confiance et nous sommes restées en contact environ cinq ans. Je suis aussi très engagée dans l’association Lev Tov, que je citais d’emblée. Elle porte, de manière très professionnelle, beaucoup de projets sur la précarité, l’enfance, l’alimentaire – elle a ouvert des épiceries solidaires casher. Lev Tov existe depuis plus de vingt ans, à l’initiative conjointe de monsieur Mendy Attal, monsieur Freddy Boukhris et sa femme, madame Nathalie Boukhris. Je vous raconte tout cela, car ces précédents expliquent la création de ma fondation, née de mon envie de dépasser mon engagement individuel. Ici, en France, dans un pays riche, on assiste malheureusement à une dégradation des conditions de vie de certains. Donc il faut agir.
Qui est avec vous dans cette fondation, et quels sont ses liens avec Lev Tov ?
À la tête de SAM, je suis seule. Quant à Lev Tov, j’y suis bénévole. La fondation est une autre entité, indépendante. Et bien sûr, elle pourra accompagner des projets initiés par Lev Tov, que je considère comme une très belle association, et je serai fière de la soutenir.
Quels sont vos premiers projets ?
Comme vous le voyez, SAM est très jeune, quelques mois à peine. Mais je tiens beaucoup à commencer par un projet qui me semble essentiel, et auquel je suis tout particulièrement attachée. C’est La Maison de Léa. Il s’agit d'un immeuble de dix appartements, destinés à accueillir des femmes victimes de violences conjugales qui sont en situation de précarité pour les héberger avec leurs enfants. Il ne s’agit pas d’un hébergement d’urgence, cela s’adresse à des femmes qui recherchent un logement pour pouvoir se reconstruire. Elles pourront y demeurer entre six et huit mois, voire deux ans. Evidemment, je ne peux pas en révéler l’adresse, pour protéger ces femmes. Je dirai seulement qu’elle est en proche région parisienne. Et comme je suis passionnée de littérature, il y aura dans cet immeuble, dans les appartements et dans un espace commun, des bibliothèques. J’invite tous ceux qui le peuvent à nous donner des livres. Déjà, Amanda Sthers, qui est une de nos marraines, nous en a fait envoyer par son éditeur. Je crois fermement que les livres peuvent mener à une meilleure compréhension de soi et des autres. Je suis très mobilisée parce que les violences conjugales sont plus répandues qu’on ne le pense. L’existence de cette maison a libéré la parole des femmes victimes, elles viennent plus facilement se confier, et on mesure l’étendue de ces violences. Une triste situation, qui ne régresse pas.
Je précise que Lev Tov, le FSJU et la fondation d’Arié Flack sont aussi en soutien de cette belle initiative.
Une autre chose que je veux vite mettre en œuvre, c’est proposer un habitat inclusif à destination des jeunes adultes en situation de handicap, qui ne sont plus pris en charge par l’État, mais souhaitent ne pas vivre dans des maisons uniquement habitées par des handicapés. Pour éviter la mise à l’écart qui est trop souvent le lot des personnes dites handicapées. Je ne peux pas donner dès maintenant plus de précisions, car nous sommes encore en recherche.
Que vous apporte le fait d’être une fondation abritée par la Fondation du Judaïsme Français ?
C’est exactement la structure qu’il me fallait, car je souhaitais être accompagnée dans mon fonctionnement. La FJF a une expertise forte dans ce domaine. Le fait d’être une fondation abritée me permet d’être libérée d’un grand nombre de contraintes liées à la gestion, ce qui me donne le temps de me consacrer totalement à la réalisation de mes projets.
Je réfléchis aussi à entreprendre autour de l’éducation. C’est vraiment encore très embryonnaire, mais c’est un désir qui ne restera pas à l’état de désir.